Marc Legros
« Apports de la microscopie électronique in situ à l’étude des mécanismes élémentaires de déformation aux joints de grains. »
Plasticité sans dislocations dans les métaux à petits grains
La plupart des matériaux cristallins qui nous entourent (métaux, alliages, céramiques) sont en fait des assemblages de cristaux, plus ou moins grands, communément appelés « grains », séparés par des « joints de grains ». Ces frontières entre domaines d’orientation différentes influencent certaines propriétés physiques et notamment le comportement mécanique de ces matériaux. Celui-ci change drastiquement lorsque les grains deviennent nanométriques, ce qui s’explique par une transition, de mécanismes faciles et connus (glissement de dislocations), à d’autres, portés par les joints de grains eux-mêmes, mais très mal connus. Grâce, notamment à la microscopie électronique en transmission (MET) in situ qui permet de les observer en temps réel, une image presque complète de ces mécanismes « alternatifs » de déformation plastique. Bien que leur complexité, liée à celles des joints de grains, présage de nombreuses études complémentaires avant de pouvoir modéliser un matériau réel, on comprend mieux la faible ductilité des nanocristaux métalliques par exemple. Ces observations obligent également à repenser la nature des joints de grains, qui sont plus que des défauts élémentaires des matériaux cristallins.
Bio :
Marc Legros est directeur de recherche au Centre d’Elaboration des Matériaux et d’Etudes Structurales (CEMES) du CNRS à Toulouse. Spécialiste de microscopie électronique en transmission (MET) et notamment de MET in situ, il s’intéresse aux mécanismes élémentaires de déformation plastique dans plusieurs matériaux cristallins, qu’ils soient structuraux (métaux, alliages aéronautiques) ou fonctionnels (énergie, solaire). Après une thèse de doctorat à l’Université Paul Sabatier, il a travaillé à la Johns Hopkins University avant d’entrer au CNRS au Laboratoire de Physique des Matériaux à l’Ecole des Mines de Nancy. Auteur de plus d’une centaine de publications, il est médaillé d’argent du CNRS 2018, récipiendaire du prix Bessel de la fondation Humbolt (2013) ainsi que du prix Constellium de l’Académie des Sciences (2017).